LE GRAND ROCHER
Le beau temps revient, avec une forte lumière.
La nuit dernière, le vent a soufflé avec force. Dans ma chambre sous la coupole,
je me croyais sur un bateau. Il ne faisait certainement pas bon être en mer...
Aujourd'hui, j'ai marché en direction du Nord de Moulay Bousselham.
Nous avons tous foulé ce sable dans la famille.
J'ai eu une pensée pour ceux qui ne sont plus là et qui aimaient ce lieu
comme nous l'aimons aujourd'hui : mon père, ma marraine Jeanne, ma cousine Isabelle,
mon oncle Sounet, le plus grand pêcheur de corbines du Maroc,
ma tante Claude, mon oncle Didier, mes grands-parents...
Maman me rappelait ce matin qu'elle était venue à l'âge de 3 semaines
avec ses parents il y a de cela 83 ans...
On venait à Moulay-Bousselham pour fuir la chaleur de l'été qui écrasait la campagne.
A l'époque, ce petit monde se déplaçait depuis la ferme jusqu'à la mer,
30km, à dos de chameau. Il y avait pour toute construction des marabouts
(tombeaux de saints, en particulier celui de Moulay Bousselham...)
On dressait tente et campement sur la dune...
Un vieux berger surgi du passé en habit traditionnel :
djellaba en laine claire, seroual (pantalon bouffant) et rezza (turban de coton)
Chevaliers fouillant le sable à la recherche de petits crustacés...
Il y a toujours un pêcheur ou deux dans le goulet qui relie la Merja Zerga à l'Océan.
Il n'est pas rare d'y prendre un loup, une dorade ou une solette.
Le goulet se déplace parfois avec les grandes marées d'hiver.
Son parcours actuel le fait passer au pied de la grande dune.
Si vous venez vous promener un jour dans ce bel endroit,
les barcassiers se feront un plaisir de vous faire traverser le courant du goulet.
Sur l'autre rive, vers le Sud, il vous suffira de monter au sommet de la grande Dune,
vous pourrez y apprécier le panorama sur l'océan d'un côté,
et sur la lagune bleue de l'autre. Enfants, nous dévalions cette dune
en courant et en roulant comme des pantins insouciants...
Vue du Goulet vers la Lagune...
Un sport nouveau qui n'existait pas quand nous étions enfants....
Mais mon Grand-Père confectionnait déjà de grands cerfs-volants
auxquels il attachait parfois un chien qui comme ce parapentiste,
pouvait contempler une vue très aérienne de la plage.
A ma connaissance, aucun accident corporel n'a été déploré.
Il n'était pas rare de voir dans la transparence des rouleaux,
des poissons, mulets, sars, plus rarement loups et corbines....
Voila une journée paisible à marcher dans le sable,
à respirer la brise fraîche du grand océan, à écouter son grondement sourd,
à penser à tous ceux qui aiment ce lieu, cette plage immense
où l'esprit se ressource naturellement. Demain, avec le retour du soleil,
je sors my sweet Ginet : un petit aller-retour d'une centaine de kms
vers Souk-el-Arba du Gharb, vers la ferme de mes grands-parents
où la famille se regroupait pour les fêtes de Pâques et de Noël...
Puis il sera temps de reprendre la route vers Rabat,
ma chère ville natale...
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